L’ancien ministre ivoirien Ahoua Don Mello a officialisé, jeudi 31 juillet, sa candidature à l’élection présidentielle d’octobre 2025. Lors d’une conférence de presse, le vice-président du Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) a affirmé vouloir représenter l’opposition face au président sortant Alassane Ouattara, évoquant l’inéligibilité persistante de Laurent Gbagbo, leader du parti.
Mais cette initiative personnelle a été rapidement sanctionnée par Laurent Gbagbo, encore désigné candidat du PPA-CI, qui a aussitôt écarté Don Mello de son poste de vice-président. Une décision révélatrice d’un malaise plus profond autour de la gestion de la succession et du leadership au sein des grandes formations politiques ivoiriennes.
Une opposition fragmentée
Pour Jamila Hamidu, chercheuse à l’Institut Arnold Bergstraesser de Freiburg (Allemagne), cette crise illustre le manque d’unité dans les rangs de l’opposition. « Il y a beaucoup de fractions au sein du parti de Gbagbo, mais aussi du côté de Tidjane Thiam. L’opposition n’a pas su s’organiser autour d’un leadership alternatif », analyse-t-elle.
Selon elle, de nombreuses figures politiques tentent de se positionner dans l’hypothèse d’un retrait forcé de Laurent Gbagbo, sans qu’une relève crédible ne s’impose clairement. Le PPA-CI avait d’ailleurs déjà écarté deux de ses membres pour leur soutien public à Don Mello.
Un manque de préparation de la relève
La politologue souligne également une similitude troublante entre les camps présidentiel et opposition : aucun des deux leaders historiques – Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo – n’a préparé de successeur. « Cela fait plus de vingt ans qu’ils dominent la scène. Mais personne ne semble prêt à prendre le relais de façon légitime et consensuelle », constate-t-elle.
Vers une crise électorale ?
Alors que le président Ouattara a annoncé une nouvelle candidature malgré son âge avancé, et en l’absence d’une opposition structurée, les inquiétudes sur un éventuel scénario de crise post-électorale comme en 2011 se multiplient.
Jamila Hamidu tempère toutefois : « La conjoncture de 2011 et celle de 2025 sont différentes. En 2011, les camps étaient clairement définis. Aujourd’hui, l’opposition est désorganisée. On ne peut pas prédire un scénario identique. »
Reste que l’instabilité actuelle et la personnalisation extrême du pouvoir au sein des partis politiques posent la question cruciale du renouvellement de la classe politique ivoirienne.