Menu

RDC : Qui est Erik Prince, l'ex-fondateur de Blackwater chargé de sécuriser les mines congolaises ?

Le milliardaire américain Erik Prince, ancien militaire et fondateur de la sulfureuse société militaire privée Blackwater, refait surface en République démocratique du Congo (RDC). Selon les informations de Reuters et Africa Intelligence, il a récemment signé un partenariat avec le gouvernement congolais visant à sécuriser les mines, les forêts et les hydrocarbures de l'Est du pays, où les autorités peinent à contenir l'avancée du groupe armé M23.


Rédigé par Kamalenba le Vendredi 4 Juillet 2025 à 22:18

Un passé controversé, une stratégie mondiale

Ancien membre des forces spéciales américaines, Erik Prince est surtout connu pour avoir dirigé Blackwater, entreprise tristement célèbre pour des bavures en Irak, notamment le massacre de 14 civils à Bagdad en 2007. Bien que revendue en 2010, la société reste un symbole du mercenariat privatisé. Proche de Donald Trump, Prince a conseillé ce dernier sur les affaires extérieures, notamment sur une proposition de privatisation de la guerre en Afghanistan en 2017.
 

Aujourd’hui à la tête de Frontier Services Group (FSG), une société basée à Hong Kong avec des financements chinois, Erik Prince mène des opérations dans des pays instables comme la Libye, Haïti ou la Mozambique. Il est actif en RDC depuis une décennie.
 

Objectif : sécuriser les richesses stratégiques du Congo

En décembre 2024, Prince a signé un accord avec le ministre des Finances congolais, Doudou Fwamba Likunde, pour aider à collecter les taxes minières et lutter contre la contrebande, particulièrement dans la région du Katanga, riche en cuivre et cobalt. La RDC détient 60 % des réserves mondiales de coltan, un minerai crucial pour l’industrie électronique mondiale.
 

Les pertes liées à la contrebande sont estimées à 40 millions de dollars par mois rien qu’à Kolwezi, selon une source gouvernementale citée par Reuters.

Des anciens légionnaires français dans le dispositif

Africa Intelligence révèle également que des anciens membres de la Légion étrangère seraient recrutés pour sécuriser les sites miniers, notamment dans le sud du pays, loin de la zone de conflit avec le M23. L’objectif est clair : protéger les revenus fiscaux issus des ressources naturelles du pays.

Mais de nombreuses questions demeurent, notamment sur la lutte contre la corruption systémique dans le secteur minier congolais. Aucun détail n’a été fourni sur les mécanismes de contrôle ni sur la responsabilité de ces opérateurs privés.

Une mission stratégique pour les États-Unis

Ce partenariat pourrait aussi être perçu comme un levier diplomatique américain dans un contexte de compétition économique avec la Chine, très présente en RDC, notamment dans le secteur minier. Donald Trump mise ainsi sur une reprise en main stratégique de la région, sans intervention militaire directe, mais via des acteurs privés.
 

Le président Félix Tshisekedi, tout en assurant que "les ressources du Congo ne seront jamais bradées", semble vouloir s’appuyer sur ce partenariat pour rationaliser l’exploitation minière et sécuriser les recettes de l’État dans un contexte de conflit armé persistant à l’Est.





Inscription à la newsletter