Parmi les personnes arrêtées figurent des responsables de premier plan : le Mauricien Cooshna Sandeep, directeur général de WOMA Logistics Sénégal SA ; la Française Émilie Suzanne Nabou Depina, directrice générale de OMA Sénégal ; ainsi que les Sénégalais Joseph Barthélémy Diouf, directeur général de la société ETLS, et Mouhamadou Moctar Faye, conseiller juridique et fiscal lié au cabinet d’avocats Baker McKenzie. Tous ont été déférés devant le parquet financier pour fraude fiscale, exportation sans déclaration et non-respect des engagements douaniers.
Un navire au cœur de la fraude
L’affaire a éclaté en 2023, lorsque la Douane sénégalaise a mené un contrôle sur le navire Amazon, propriété de Mc Dermott Marine Construction Ltd, dans le cadre d’une admission temporaire. Les premiers soupçons sont nés du transfert de documents vers OMA Logistics Sénégal SA, ce qui a motivé une enquête approfondie.
Des agents de douane ont interrogé plusieurs responsables logistiques, qui ont admis que le navire avait quitté les eaux sénégalaises sans effectuer de déclaration douanière de réexportation, une infraction grave au regard du Code des Douanes.
Neuf autres navires en infraction
Les investigations ont révélé que neuf autres navires de la même société se trouvaient dans une situation similaire. Parmi eux : North Purpose, North Ocean 102, DLV2000, Waves, Stars, Ocean, Lay Vessel 108, Maersk Inventor et Highland Chieftain. Les six premiers ont opéré dans les eaux sénégalaises entre 2022 et 2023 sans accomplir les formalités d’exportation, tandis que les quatre derniers n'ont jamais mouillé les eaux sénégalaises, bien qu’ayant obtenu une autorisation d’admission temporaire exceptionnelle.
Une réquisition adressée à l’état-major de la Marine nationale a confirmé les irrégularités relevées par les Douanes.
Une affaire d’État ?
L’ampleur du scandale — plus de 845 milliards FCFA en jeu — soulève de lourdes questions sur la gestion de la fiscalité dans les projets extractifs au Sénégal. Ce dossier pourrait marquer un tournant dans le contrôle des opérations offshore et dans la lutte contre l’évasion fiscale.
Les personnes mises en cause attendent d’être fixées sur leur sort, dans ce qui s’annonce comme l’un des plus gros dossiers financiers de ces dernières années.