Des comptes dormants ciblés
Selon les informations du journal Libération, Oumar Bah repérait des comptes inactifs, saisis ou abandonnés dans les bases de données de la banque. Entre novembre 2022 et juin 2024, il aurait réalisé au moins cinq opérations frauduleuses. Le total des montants détournés s’élèverait à 74 058 966 francs CFA.
Son mode opératoire était bien structuré. Les fonds étaient d’abord transférés vers un compte au nom de son neveu vivant à l’étranger, avant d’être redirigés vers ses propres comptes bancaires logés à la Société Générale, à la Banque of Africa et à la Banque de l'Habitat du Sénégal. Le tout était effectué via la plateforme numérique SG Connect, sans éveiller de soupçons pendant plusieurs mois.
Une faille numérique exploitée
Ce nouveau dossier met en lumière les vulnérabilités des systèmes informatiques bancaires face aux fraudes internes. Malgré les protocoles de sécurité, Oumar Bah, en tant qu’employé, avait une parfaite maîtrise de l’outil SG Connect, qu’il a exploité pour mener ses transferts illicites.
C’est le service de contrôle interne de la Société Générale qui a finalement détecté des anomalies, alertant les autorités compétentes.
Des aveux et des poursuites judiciaires
Interpellé au siège de la banque à Dakar, Oumar Bah a rapidement reconnu les faits. Il a justifié ses actes par des difficultés personnelles, sans convaincre les enquêteurs. Il a été déféré au parquet ce jeudi, poursuivi pour faux et usage de faux en écritures privées de banque, escroquerie et détournement de fonds par le biais d’un système informatique.
Les charges retenues contre lui sont graves et pourraient déboucher sur une condamnation exemplaire.
Une série noire pour la SGBS
Ce nouveau cas survient alors que la Société Générale du Sénégal peine à se remettre d’un précédent scandale impliquant Amadou Dicko, expert bancaire, arrêté en 2024 pour le détournement présumé de 3,4 milliards de francs CFA.
La répétition de tels incidents révèle une faille systémique dans les dispositifs de contrôle de la banque. Les comptes inactifs apparaissent comme des points faibles régulièrement exploités par des agents malintentionnés.
La Société Générale du Sénégal devra tirer toutes les leçons de ces affaires pour restaurer la confiance et renforcer durablement sa gouvernance interne.