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Affaire Amadou Sall : Justice, politique et mémoire sélective au Sénégal

Rédigé par Kamalenba le Vendredi 9 Mai 2025 à 17:41

Une convocation aux allures d’électrochoc

Le nom d’Amadou Sall, fils de l’ancien président Macky Sall, est désormais associé à une affaire judiciaire hautement sensible, dans laquelle des transactions financières présumées irrégulières de 10 milliards FCFA seraient en cause. L’origine du scandale remonte à des liens supposés avec l’homme politique Farba Ngom, réputé proche du cercle présidentiel sous l’ancien régime. Bien que sa convocation par le Pool judiciaire financier (PJF) n’ait pas été officiellement confirmée, la rumeur suffit à raviver les tensions autour de la justice sénégalaise, souvent accusée de deux poids deux mesures.
 

Papa Malick Ndour : une défense stratégique et un rappel historique

C’est dans ce contexte que Papa Malick Ndour, ancien ministre et cadre de l’APR (Alliance pour la République), est monté au créneau dans une déclaration parue dans L’Observateur. Dans un ton mesuré mais critique, il s’est demandé pourquoi une convocation judiciaire potentielle suscitait autant d’indignation aujourd’hui, alors qu’elle avait été relativisée voire justifiée dans des situations similaires sous le régime actuel.
 

« L’actuel Premier ministre n’avait-il pas refusé lui-même une convocation, tout en mobilisant la rue et en défiant l’autorité judiciaire ? »
 


Ce rappel n’est pas anodin. Il vise à souligner l’incohérence des postures politiques et médiatiques face à la justice, selon qu’on soit au pouvoir ou dans l’opposition. En d’autres termes, la mémoire collective est sélective, et les principes semblent fluctuants selon les intérêts du moment.


La justice sénégalaise entre attentes populaires et soupçons de partialité

Depuis l’élection de Bassirou Diomaye Faye et la nomination d’Ousmane Sonko comme Premier ministre, une nouvelle dynamique s’est enclenchée, avec en ligne de mire la lutte contre la corruption, la reddition des comptes et la moralisation de la vie publique. Si ces objectifs sont largement partagés par l’opinion, leur mise en œuvre soulève de graves inquiétudes sur l’indépendance réelle de la justice.


De nombreux observateurs redoutent que la justice sénégalaise ne devienne un instrument d’épuration politique, au lieu d’un outil de vérité et d’équité. Le cas d’Amadou Sall pourrait ainsi devenir un test grandeur nature : s’agit-il d’une procédure fondée sur des faits et une méthodologie rigoureuse, ou d’une poursuite téléguidée aux objectifs politiques à peine voilés ?


La présomption d’innocence à géométrie variable ?

Autre point soulevé par Papa Malick Ndour : le respect de la présomption d’innocence. Il critique l’ambiance générale autour de l’affaire, marquée selon lui par des procès d’intention et une pression de l’opinion publique parfois alimentée par certains segments de la société civile et de la presse.


Cette justice médiatisée, dans laquelle l’image de l’accusé est souvent jugée avant les faits, s’éloigne dangereusement des principes de l’État de droit. Il demande donc que l’équité procédurale soit assurée avant même d’envisager une convocation ou des poursuites.


Un climat politique inflammable

L’affaire survient dans un climat politique tendu, marqué par une polarisation extrême entre les anciens et les nouveaux pouvoirs. Certains voient dans cette procédure un moyen de solder les comptes du passé, d'autres y perçoivent une tentative de diversion ou de légitimation des nouvelles autorités par la répression des figures de l’ancien régime.


Dans tous les cas, l’opinion sénégalaise reste attentive, voire méfiante. Les précédentes crises politico-judiciaires ont laissé des séquelles : violences, emprisonnements, dérives populistes et perte de confiance dans les institutions.


Vers une nouvelle éthique judiciaire ou un cycle de vengeance ?


Le Sénégal a entamé une phase de reconstruction politique. Mais celle-ci doit nécessairement s’accompagner d’un renouveau institutionnel fondé sur la justice impartiale, l’indépendance des magistrats, la rigueur des procédures, et le respect des droits fondamentaux.


Si le cas d’Amadou Sall est traité avec sérieux, transparence, et respect du droit, il pourrait devenir un exemple positif d’une justice réformée et crédible. Dans le cas contraire, il risquerait d’alimenter la méfiance, d’aggraver les fractures politiques et de décrédibiliser les ambitions de réforme affichées par les nouvelles autorités.


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