
Une militarisation soudaine d’Uvira et de ses environs
Depuis l’occupation de Goma et Bukavu, des milliers de civils ont trouvé refuge à Uvira, ville frontalière du Burundi. Mais ce qui effraie désormais les habitants, c’est la forte présence militaire observée depuis quelques jours.
« J’ai vu beaucoup de militaires déployés ici dans la ville d’Uvira en provenance de Kalemie. Ils sont vraiment nombreux, lourdement armés », raconte Claude, un riverain du port de Kalundu.
Ces forces ont été vues en direction de Luvungi et des montagnes d’Uvira, zones sensibles où des affrontements avec les rebelles sont signalés.
L’AFC/M23 avance, les combats se multiplient
Après avoir occupé Katogota, village au nord du territoire d’Uvira, les tentatives de progression du M23 ont été contenues par les forces Wazalendo, supplétifs de l’armée congolaise. Cependant, des mouvements rebelles ont été signalés sur les axes Bukavu–Nyangezi–Kazib et Nyangezi–Kamanyola, renforçant les craintes d’une extension du conflit.
Le porte-parole du M23, Lawrence Kanyuka, a dénoncé dans un communiqué un « déploiement provocateur » des troupes de Kinshasa et de ses alliés, y compris les forces burundaises, accusés de braquer leurs armes vers des zones densément peuplées.
Plus de 40 000 déplacés sans assistance
Les combats ont provoqué la fuite de plus de 40 000 personnes, selon les autorités locales.
« Je suis ici depuis le 15 février 2025 à Sange. Nous n’avons jamais été assistés ni par Kinshasa ni par le gouvernement provincial », témoigne Akili, déplacé de Katogota. Il évoque l’absence d’aide humanitaire et des cas de décès par manque de soins.
La société civile appelle au dialogue
Face au risque d’escalade généralisée, la société civile d’Uvira tire la sonnette d’alarme.
Byamungu Shamamba, président de la nouvelle société civile congolaise, appelle à un dialogue inclusif et « franc », avec la participation de la société civile.
« La population est victime du règlement de compte entre Kinshasa et Kigali », dit-il.
Un message fort du gouverneur du Sud-Kivu
Lors du 65e anniversaire de l’indépendance de la RDC, le gouverneur Jean-Jacques Purusi a lancé un appel à la résistance populaire contre toute tentative d’occupation de l’est du pays. Il a aussi exigé justice pour les victimes de cette guerre qui dure depuis près de 30 ans.