Un record funeste
À Kiev, la capitale, les sirènes d’alerte ont hurlé pendant des heures, forçant des millions de personnes à se réfugier dans des abris souterrains, stations de métro ou caves. Les régions de Dnipro, Soumy, Kharkiv et Tcherniguiv ont aussi été sévèrement touchées. Selon le président Volodymyr Zelensky, cette attaque visait principalement Kiev et constitue « la plus brutale jamais enregistrée » dans ce conflit. Au moins 23 personnes ont été blessées, mais les autorités redoutent un bilan plus lourd dans les jours à venir.
Le porte-parole de l’armée ukrainienne, Iouri Ignat, a qualifié cette attaque de "sans précédent", soulignant l’ampleur de la menace et la nécessité urgente de renforts en défense aérienne.
Armes chimiques : une ligne rouge franchie ?
La gravité de la situation s’aggrave davantage avec les révélations des services de renseignement allemands et néerlandais. Dans un rapport conjoint publié le 4 juillet, Berlin (BND) et Amsterdam (AIVD) accusent la Russie d’avoir intensifié l’usage d’armes chimiques interdites, notamment la chloropicrine, un gaz suffocant utilisé pour la première fois pendant la Première Guerre mondiale. Ce gaz, hautement toxique dans des espaces clos, aurait été fixé à des drones modifiés pour des frappes ciblées.
Le contre-amiral néerlandais Peter Reesink évoque une « procédure quasi permanente » de la part des forces russes. Ces conclusions font écho aux inquiétudes de l’OIAC (Organisation pour l'interdiction des armes chimiques), qui avait déjà alerté sur l'utilisation croissante de gaz lacrymogènes par Moscou. Ces actes constitueraient de graves violations de la Convention sur les armes chimiques de 1997, qui interdit tout usage de gaz toxiques, y compris ceux à usage anti-émeutes, dans des conflits armés.
Alerte sur les missiles Patriot
Alors que la Russie augmente la pression, l’Ukraine craint une pénurie de missiles antiaériens, notamment les systèmes Patriot américains, particulièrement efficaces contre les missiles balistiques. Mais Washington a suspendu ses livraisons, provoquant une vive inquiétude à Kiev.
Zelensky doit s’entretenir dans l’après-midi avec Donald Trump, probable candidat républicain à la présidence américaine. L’objectif : relancer l’aide militaire des États-Unis. L’Ukraine et ses alliés, notamment l’Allemagne, espèrent toujours convaincre la Maison Blanche de relancer les livraisons.
Lueur d’espoir : échange de prisonniers
En marge de ces tensions, une rare bonne nouvelle est venue du front diplomatique : un nouvel échange de prisonniers a été annoncé par Moscou. Il s’inscrit dans le cadre d’un accord signé le 2 juin à Istanbul, bien que peu suivi d’effets concrets. Les deux parties s’étaient engagées à libérer tous les combattants blessés ou jeunes, et à restituer les corps des soldats tombés au front. Aucun chiffre n’a toutefois été communiqué.