Lors d’un forum d'affaires organisé dans la capitale syrienne, des promesses d’investissements massifs ont été annoncées, couvrant plusieurs secteurs stratégiques : immobilier, infrastructures, communications, technologies de l’information, transports, logistique, industrie, tourisme, énergie et commerce.
Repositionnement géopolitique dans l’après-Assad
Depuis la chute de Bachar el-Assad en décembre 2024, Riyad multiplie les efforts pour soutenir Ahmed al-Charaa, président syrien par intérim. En février dernier, ce dernier a d’ailleurs été reçu à Riyad. Cette offensive diplomatique et économique s’inscrit dans une stratégie régionale visant à détacher la Syrie de l’influence iranienne et à concurrencer l’omniprésence turque dans l’économie syrienne.
« L’Arabie saoudite veut ancrer la Syrie hors de l’orbite iranienne et contenir l’influence turque », analyse Joseph Bahout, directeur de l’institut pour les politiques publiques à l’Université américaine de Beyrouth.
Entre espoirs et incertitudes
Mais sur le terrain, les promesses saoudiennes tardent à se concrétiser. Selon plusieurs analystes, l’instabilité persistante et l’absence de garanties juridiques freinent les investisseurs. La récente flambée de violences à Soueïda, ayant causé plus de 1 200 morts, a ravivé les doutes sur la sécurité du pays.
La levée partielle des sanctions américaines, décidée le 30 juin par Donald Trump, pourrait cependant changer la donne. Un geste que certains attribuent à la pression saoudienne, bien que le Congrès reste divisé sur la possibilité de rendre cette levée durable au-delà des six prochains mois.
Des investissements sous condition
Pour les observateurs, la prudence reste de mise :
« Personne ne va investir sur six mois sans visibilité », estime Samir Aïta, économiste syrien.
Il rappelle que la stabilité politique, la sécurité des investisseurs et l’État de droit restent les conditions préalables à tout investissement sérieux. Le bombardement du quartier général de l’armée syrienne à Damas le 16 juillet par Israël illustre, selon lui, les fragilités persistantes du régime.
En attendant des actes concrets, les 6,4 milliards de dollars promis apparaissent davantage comme un signal diplomatique fort qu’un tournant économique immédiat. La reconstruction de la Syrie, après 14 ans de guerre, reste encore semée d'embûches.