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Procès en Appel : Serigne Fallou Fall Accusé de Viol et Pédophilie – L'Affaire Maintient le Suspense

Dakar, Sénégal – L'affaire Serigne Fallou Fall, 33 ans, domicilié à Yeumbeul Mbed Fass, a de nouveau captivé l'attention du public et des juristes sénégalais ce 30 juillet 2025 devant la Cour d'appel de Dakar. Accusé de viol et de pédophilie sur sa demi-sœur, W. Fall, âgée de 5 ans au moment des faits, Fallou Fall, déjà condamné en première instance, continue de clamer son innocence, dénonçant un complot familial.


Rédigé par Kamalenba le Jeudi 31 Juillet 2025 à 00:49

 
 

Un parcours judiciaire semé d'embûches

L'affaire a débuté le 17 mars 2020 avec le placement sous mandat de dépôt de Serigne Fallou Fall. Le 3 décembre 2024, il a été jugé par la chambre criminelle du Tribunal de Grande Instance Hors Classe (TGIH) de Pikine-Guédiawaye. Le 7 janvier 2025, le verdict tombait : acquitté du chef de pédophilie, mais reconnu coupable de viol sur mineure de moins de 13 ans, il écopait d'une peine de 15 ans de réclusion criminelle. Fatima Dieng, tante de l'accusé et responsable civile de W. Fall, a vu sa constitution de partie civile acceptée, bien qu'elle n'ait pas réclamé de dommages et intérêts.

Insatisfait de cette décision, Fallou Fall a interjeté appel, menant à l'audience controversée du 30 juillet 2025, marquée par plusieurs renvois.
 

Au cœur des accusations : des faits troublants et des témoignages contradictoires

 
Les accusations initiales remontent au 6 mars 2020, lorsque Fatima Dieng a porté plainte contre Serigne Fallou Fall pour attouchements sexuels sur sa fille W. Fall. Selon elle, Fallou aurait attiré la fillette dans le salon, utilisant une tige en bois dans son vagin, causant des coupures. Des faits similaires auraient eu lieu après la fête de la Korité, corroborés par la fillette. Un certificat médical du 11 mars 2020 a d'ailleurs révélé un hymen intact avec de petites lésions hyménéales récentes.
W. Fall, en présence de sa mère, a soutenu ces allégations, décrivant comment Fallou aurait retiré son pantalon et utilisé un cure-dent dans son vagin malgré ses cris, affirmant la récurrence des abus. Cheikh Mbacké Fall, le père des deux parties, a également témoigné avoir été informé des attouchements par son épouse et avoir tenté d'interdire à Fallou d'approcher W. Fall.
 
Cependant, Fallou Fall a fermement nié les accusations, les attribuant à un complot orchestré par sa belle-mère, Fatima Dieng. Il a allégué que cette dernière aurait déjà accusé son frère, Serigne Saliou Fall, de faits similaires. Cette version a été appuyée par Soda Kandji, une amie de la défunte mère de l'accusé, qui a déclaré que Fatima Dieng lui avait avoué avoir planifié ces accusations et que W. Fall ne présentait aucun signe visible de blessure.
 

Des déclarations contradictoires à la barre

 
Lors de l'audience, les témoignages ont continué de s'affronter. Fallou Fall a réitéré son innocence : « Je n’ai jamais violé W. Fall, c’est ma petite sœur. Cette histoire est un montage de ma tante. » Il a mis en lumière un contexte familial tendu depuis le remariage de son père, affirmant que les accusations de sa tante contre son frère Saliou en 2019 avaient été réglées.
 
Fatima Dieng a maintenu que W. Fall lui avait confié avoir été blessée par Fallou, faits qu'auraient confirmés des examens médicaux à l'hôpital de Thiaroye et Dominique. Elle a nié avoir accusé Saliou. Le père, Cheikh Mbacké Fall, a contredit son fils, affirmant que seul Fallou avait été convoqué par le délégué de quartier. W. Fall a de nouveau témoigné : « Fallou me retenait dans sa chambre, mettait ses doigts ou un cure-dent dans mon sexe, en fermant la porte. »

Les témoignages de Serigne Saliou Fall et Soda Kandji ont conforté la version de l'accusé, tandis que Yadé Dieng, amie de Fatima, a confirmé les plaintes répétées de cette dernière contre Fallou.
 

La défense plaide le complot, l'avocat général préconise l'acquittement

 
La défense, composée de Mes Aïssata Ba, Khady Sène, Massamba Ndiaye, Aboubacry Barro, et El Hadji Diouf, a plaidé l'acquittement, dénonçant un complot familial et des incohérences dans le dossier, notamment la date du certificat médical et l'absence de témoins oculaires. Ils ont souligné l'hymen intact de la victime et questionné la capacité de la jeune W. Fall à comprendre certains termes. Me Diouf a qualifié l'affaire de « mésentente familiale » et d'« erreur judiciaire ».
 
De manière notable, l'avocat général, bien qu'il ait reconnu la complexité de l'affaire, a requis l'acquittement de Serigne Fallou Fall, déclarant : « Nous recherchons la vérité, mais la vérité appartient à Dieu. » Cette position du parquet a surpris de nombreux observateurs, compte tenu de la condamnation en première instance.
 
L'affaire a été mise en délibéré au 27 août 2025, et la demande de liberté provisoire de Fallou Fall a été rejetée. À la sortie de l'audience, ses soutiens, nombreux devant le palais de justice, ont scandé « Libérez Fallou ! », manifestant leur espoir de voir l'accusé acquitté.
 
L'issue de ce procès en appel est très attendue, car elle pourrait marquer un tournant dans une affaire qui a profondément divisé les opinions et mis en lumière les complexités des dynamiques familiales et judiciaires.
 





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