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Haute Cour de justice : 86 jours de silence, le mystère autour de l’audition de Mansour Faye

Depuis le 26 mai 2025, l’ancien ministre du Développement communautaire et maire de Saint-Louis, Mansour Faye, est incarcéré à la prison de Rebeuss. Accusé de multiples infractions financières dans le cadre de la gestion des fonds Force Covid-19 (2,7 milliards FCFA), il n’a toujours pas été entendu par la Haute Cour de justice.

Ses avocats dénoncent une procédure « irrégulière », un dossier « vide » et un acharnement politique.


Rédigé par Kamalenba le Jeudi 21 Août 2025 à 18:02

 

86 jours derrière les murs de Rebeuss

Placée sous mandat de dépôt, la figure politique fait face à une avalanche de charges : association de malfaiteurs, corruption, concussion, détournement de deniers publics, blanchiment de capitaux, faux et usage de faux, prise illégale d’intérêts, et complicité.
 

Pourtant, contrairement à d’autres anciens ministres déjà auditionnés (Moustapha Diop, Ndèye Saly Diop Dieng, Ismaïla Madior Fall, Aïssatou Sophie Gladima), Mansour Faye n’a pas encore été entendu.


La défense dénonce une « anomalie judiciaire »

Selon ses avocats, Me El Hadj Amadou Sall et Me El Hadj Diouf, cette détention est illégitime :

  • absence d’audition préalable,

  • aucun rôle direct dans l’attribution des marchés,

  • validation et paiements assurés par le ministère des Finances,

  • contrôle préalable de la gendarmerie,

  • rapport de la Cour des comptes qui ne cite pas Mansour Faye.

« Normalement, on prouve avant d’incarcérer. Ici, on incarcère d’abord et on cherche ensuite », fustige Me Sall.


L’argument de l’appel d’offres

La surfacturation, au cœur du dossier, est également contestée.
Le marché incriminé a été attribué à un fournisseur « mieux-disant », avec une offre de 275 000 FCFA/tonne, inférieure aux prix moyens du marché (300 000 FCFA). « Comment parler de surfacturation si l’État a économisé de l’argent ? », questionne Me Sall.

Pour Me Diouf, son client paie son indépendance : « C’est le seul ministre qui a osé passer outre la directive de Macky Sall demandant de ne plus faire d’appel d’offres. »


Une bataille judiciaire et politique

Les avocats dénoncent une « volonté politique d’abattre Mansour Faye ». La Haute Cour de justice, composée majoritairement de députés, est perçue comme une « juridiction politique » privant leur client de recours effectif.
 

Face à ce qu’ils qualifient de violation des droits de l’homme, ils ont saisi plusieurs instances internationales : Union africaine, CEDEAO, Comité des droits de l’homme de l’ONU, institutions européennes. Objectif : obtenir au moins une liberté provisoire en attendant son audition.

 



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