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Cannes 2025 : l’IA dans le cinéma, "une vague impossible à arrêter" malgré les réticences

Rédigé par Kamalenba le Dimanche 18 Mai 2025 à 03:09

Souvent perçu comme le bastion du cinéma d’auteur, le Festival de Cannes ne ferme pas pour autant ses portes à l’innovation technologique. L’édition 2025 l’a prouvé en accueillant de nombreuses discussions autour de l’intelligence artificielle (IA), un sujet brûlant à la fois artistique, économique et éthique.
 

L’IA, de l’ombre à la lumière

 

L’IA est aujourd’hui omniprésente dans la production cinématographique : aide à l’écriture de scénarios, création de décors, d’ambiances sonores, rajeunissement numérique des acteurs, etc. Le film Here de Robert Zemeckis (2024), avec Tom Hanks, en est un exemple emblématique.


Mais cette intégration rapide suscite des craintes : suppression d’emplois, menace sur la créativité humaine, et pillage d’œuvres protégées. En témoignent les vives discussions sur la Croisette, y compris dans les intrigues de films présentés (Dalloway, Mission Impossible), où l’IA est parfois diabolisée.


Des outils qui fascinent et inquiètent


Au Village Innovation du festival, plusieurs start-up présentent leurs technologies. La société Largo.ai propose d’analyser les émotions de spectateurs numériques pour prédire les réactions à un script ou casting. Un outil séduisant pour des jeunes réalisateurs en quête de financements.


De son côté, Respeecher, une entreprise ukrainienne de clonage vocal, fait polémique : accusée d’avoir "corrigé" l’accent d’Adrien Brody dans The Brutalist, ce qui a soulevé des questions sur l’authenticité des performances d’acteurs. Pourtant, ses services ont été utilisés aussi dans des films primés comme Emilia Perez.


Créativité ou conformité ?


L’IA permet-elle de booster la créativité ou de formater les productions selon les algorithmes ? Pour certains, ces outils ne font que prolonger la démarche artistique. Pour d’autres, ils réduisent la liberté de création au profit de statistiques marketing.


Comme le rappelle Alex Serdiuk (Respeecher), "L’IA ne remplacera jamais la créativité humaine. Elle peut l’augmenter, mais elle ne la possède pas."


Une législation encore floue


Depuis 2023, après une grève historique des scénaristes et acteurs américains, plusieurs garde-fous ont été posés : interdiction d’utiliser l’IA sans consentement, protection des droits d’auteur, etc. En Europe, l’AI Act adopté en 2024 impose plus de transparence.


Mais la régulation reste encore insuffisante selon certains professionnels comme David Defendi Genario (Genario Studio) : "L’IA avance vite. Il est urgent de légiférer avant que les dégâts soient irréversibles."


Vers un cinéma augmenté… ou artificiel ?


Le Festival de Cannes 2025 aura été le théâtre d’un débat crucial : l’IA dans le cinéma n’est plus un fantasme de science-fiction, mais une réalité opérationnelle. Reste à savoir si elle servira les créateurs ou les remplacera. Pour l’heure, la vague est lancée – à l’industrie de savoir si elle veut la surfer ou la subir.






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