🎖️ Une mémoire historique au service d’un narratif contemporain
Dans un contexte toujours marqué par l’invasion de l’Ukraine, la Russie poursuit l’amalgame entre la Seconde Guerre mondiale et le conflit en cours. Les 1 500 soldats combattants en Ukraine, intégrés au défilé et abondamment honorés par les médias d’État, témoignent de cette volonté d’inscrire l’« opération militaire spéciale » dans la continuité de la lutte contre le nazisme. Les commentateurs n’ont cessé d’assimiler l’Ukraine actuelle à une menace comparable à celle de l’Allemagne nazie de 1945.
🛡️ Une démonstration de force militaire… et d’armes symboliques
Outre les 11 500 soldats annoncés par l’agence Tass, le défilé militaire a aussi mis en avant des armements qui illustrent la guerre actuelle : les drones iraniens Geran et les drones russes Lancet, tous deux abondamment utilisés dans le conflit ukrainien. Si les véhicules blindés et missiles étaient bien présents, c’est surtout l’affichage de technologies guerrières modernes, souvent issues de partenariats internationaux, qui a marqué les esprits.
🌏 Des soutiens visibles mais limités
Le Kremlin a tenté de prouver que la Russie n’était pas isolée. Si des soldats de 13 pays étaient présents dans les rangs — dont la Chine, le Vietnam, la Birmanie et l’Égypte — la Corée du Nord, partenaire militaire notoire, s’est contentée d’une présence discrète en tribunes. Le président russe est venu les saluer, illustrant une diplomatie des symboles.
Mais l’absence remarquée du Premier ministre indien Narendra Modi et la quasi-totale non-représentation de l’Occident — à l’exception notable du Premier ministre slovaque — traduisent bien l’incapacité du Kremlin à élargir significativement son cercle d’alliés. Une présentatrice de la télévision d'État a osé comparer les tribunes de la Place Rouge au sommet des BRICS à Kazan, dans une tentative manifeste de réécrire la réalité.
🕊️ Un discours mesuré à l’égard de l’Occident
Dans un discours étonnamment sobre, Vladimir Poutine a évité d’attaquer frontalement les pays occidentaux. Il a même salué la contribution des forces alliées de 1945, tout en omettant sciemment de citer les pays concernés. Une manière diplomatique de ménager les États-Unis, perçus comme un interlocuteur essentiel dans les discussions (au point mort) sur l’Ukraine. La prudence du président russe semble refléter une volonté de ne pas fermer totalement la porte aux négociations avec Washington, dans un contexte de recomposition des équilibres internationaux.