Un projet d’exploitation qui divise
Depuis la signature en 2023 d’autorisations d’exploitation accordées par l’ex-ministre des Mines, Omar Sarr, les entreprises Transfavo (40 ha) et Elikane (43 ha) ont investi le site de Soussoum, dans la commune de Ndiaganiao. Mais ces projets, bien que légalement validés, se heurtent à une forte opposition des populations locales.
Les habitants dénoncent des délibérations municipales précipitées, organisées avant même la tenue d’une audience publique obligatoire. Cette rencontre avait pourtant été l’occasion d’un refus catégorique des populations de céder leurs terres, jugées vitales pour leur survie économique et sociale.
Arrestations et violence : un climat insurrectionnel
L’installation des engins sur le site a déclenché une série d’affrontements violents. Le dialogue entre les autorités et les communautés locales est désormais rompu. Résultat : 24 personnes interpellées, dont certaines directement à leur domicile.
Les avocats Me Boucounta Diallo et Me Faty ont été saisis pour assurer la défense des mis en cause, qui attendent leur comparution devant le procureur.
Pendant ce temps, plusieurs engins de chantier ont été incendiés, causant selon Transfavo une perte d’un milliard de FCFA. Une situation que l’entreprise impute à une instrumentalisation politique : « Des politiciens tapissent dans l’ombre pour agiter les foules », a déclaré Arona Ba, responsable de la société.
Entre autorisations officielles et ressentiment populaire
Malgré les tensions, Transfavo affirme être en règle. L’entreprise assure avoir mené une étude d’impact environnemental et obtenu des signatures de riverains. Arona Ba précise : « Sur les 40 hectares, seuls 17 sont réellement exploités. Le reste est partagé avec les populations dans un accord tacite. »
Soussoum, un nouveau Ndingler ?
Cette affaire rappelle le litige foncier de Ndingler, où des communautés s’étaient opposées à l’accaparement de leurs terres par des intérêts économiques. À Soussoum, la fracture semble tout aussi profonde.
Entre développement économique, légalité administrative et détresse sociale, le conflit de Soussoum met en lumière les limites d’une gouvernance foncière déconnectée des réalités locales. Dans cette commune en proie à l’instabilité, l'urgence est à la médiation, avant que la situation ne dégénère davantage.