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Avortement médicalisé au Sénégal : Entre ratification du Protocole de Maputo et blocages juridiques

Mardi 22 Avril 2025

Depuis sa ratification du Protocole de Maputo en 2004, le Sénégal peine à mettre en œuvre ses engagements, notamment en ce qui concerne l’article 14, qui garantit l’accès à l’avortement médicalisé en cas de viol, d’inceste ou de malformation mettant en danger la vie de la mère.


Avortement médicalisé au Sénégal : Entre ratification du Protocole de Maputo et blocages juridiques

Une législation toujours restrictive

Alors que l’article 14 du Protocole de Maputo promeut les droits reproductifs des femmes africaines, la législation sénégalaise reste sévère. L’avortement est toujours pénalisé selon l’article 305 du Code pénal, exposant les femmes à des peines allant de six mois à deux ans d’emprisonnement, assorties d’une amende pouvant atteindre 100 000 francs CFA.

Des conséquences dramatiques pour la santé des femmes

Chaque année, plus de 30 000 femmes et filles au Sénégal risquent leur vie à travers des pratiques d’avortement clandestines, souvent non sécurisées. « Les femmes ayant recours à un avortement encourent jusqu'à deux ans d'emprisonnement ainsi qu'une amende », rappelle Coumba Guèye de l’Association des Juristes Sénégalaises (AJS). Ces chiffres alarmants témoignent du besoin urgent d’une réforme.

La Task Force à la manœuvre pour un plaidoyer fort

Face à cette urgence, la Task Force pour l’accès à l’avortement médicalisé en cas de viol et d’inceste mène un plaidoyer actif. Sa coordonnatrice, Aïssatou Ndiaye, insiste sur l’importance de « transformer les attitudes » et de « clarifier les valeurs », surtout dans un contexte socioculturel complexe où le sujet reste tabou.

Un atelier de mise à niveau a été organisé à destination des professionnels des médias afin de leur fournir les outils nécessaires pour mieux comprendre et traiter ce sujet sensible.

Qu’attendre du nouveau gouvernement ?

La Task Force compte entamer un dialogue franc avec les nouvelles autorités sénégalaises. Elle souhaite présenter ses avancées, ses défis, et plaider pour une réelle prise en compte de l’article 14 du Protocole de Maputo. Il ne s’agit pas d’une légalisation généralisée, mais d’une autorisation encadrée dans des cas extrêmes reconnus par le droit international.

Alors que le Sénégal se veut être un pays respectueux des droits humains, il est temps que ses engagements internationaux soient traduits en actes. L’application effective du Protocole de Maputo, notamment sur la question de l’avortement médicalisé, constituerait une avancée majeure pour les droits et la santé des femmes sénégalaises.

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