Situation économique du Sénégal: Madana Kane alerte : « Nous ne sommes pas à l'abri d'un choc… »

L’ancien directeur général de la Banque Islamique du Sénégal (BIS), Mouhamadou Madana Kane, a livré une analyse critique de la situation économique du Sénégal, dans un entretien accordé à L’Observateur.


Rédigé par Kamalenba le Lundi 30 Juin 2025 à 18:31

 

 Aujourd’hui à la tête de la plateforme politique Dundu, il lance un appel à la vigilance, estimant que le pays n’est pas à l’abri d’un choc financier majeur.
 

« Le gouvernement a le souci de relancer l'économie et a, à cet effet, prévu dans la LFR une dotation de 500 milliards FCFA pour apurer les arriérés dus aux acteurs économiques, principalement dans le secteur des BTP. Autant la démarche est à saluer, autant je crains que ces paiements ne produisent pas les effets escomptés, si l’on ne s’assure pas en amont qu’ils soient effectivement réinjectés dans l’économie », a averti l’ex-banquier.


Selon lui, la frilosité des acteurs économiques, causée par plus d’un an d’incertitudes politiques et économiques, pourrait favoriser une attitude d’épargne plutôt que d’investissement. Or, sans réinvestissement massif, les ambitions de croissance risquent de rester lettre morte.

Besoin d’un plan de relance structurant

Madana Kane plaide donc pour un plan opérationnel de restauration de la confiance, visant à encourager l’investissement productif.


Par ailleurs, il attire l’attention sur le creusement du déficit :

« La LFR prévoit une augmentation des besoins de financement de 1141 milliards FCFA par rapport à la LFI 2025, alors que les prévisions de recettes ont été revues à la baisse. »


Risque sur la dette intérieure

La dépendance croissante du Sénégal au marché financier sous-régional est également une source d’inquiétude :

« En raison de l’abaissement de la notation souveraine, les emprunts internationaux sont devenus plus difficiles. Cela nous rend dépendants des investisseurs institutionnels locaux, qui pourraient à tout moment se détourner des titres d’État pour limiter leur exposition au risque. »


Dans ce contexte, Kane estime que le Sénégal pourrait basculer d’une "situation de précarité budgétaire" à une incapacité financière réelle.

Il conclut en appelant à la mise en œuvre urgente :

D’un plan alternatif de financement hors UEMOA ;

Et d’un plan de financement d’urgence, pour prévenir tout risque systémique.


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