Sahel : le Mali, le Burkina Faso et le Niger créent une banque d’investissement régionale de 895 millions de dollars

Le Mali, le Burkina Faso et le Niger franchissent une nouvelle étape dans leur stratégie d’autonomisation économique. Les trois pays sahéliens ont officiellement lancé une banque d’investissement régionale dotée d’un capital initial de 500 milliards de francs CFA, soit environ 895 millions de dollars, destinée à financer des projets structurants dans les secteurs des infrastructures, de l’énergie et de l’agriculture.


Rédigé par Kamalenba le Lundi 15 Décembre 2025 à 00:15

L’initiative, portée par les gouvernements militaires des trois États, vise à mutualiser les ressources financières et à soutenir des investissements jugés stratégiques pour le développement économique et la stabilité de la région. La cérémonie de lancement s’est tenue à Bamako, marquant l’entrée officielle de la nouvelle institution dans sa phase opérationnelle.

Selon les autorités, cette banque d’investissement s’appuiera notamment sur le potentiel minier des pays fondateurs. Le Mali et le Burkina Faso figurent parmi les principaux producteurs d’or du continent africain, tandis que le Niger dispose d’importantes réserves d’uranium, un atout majeur dans le contexte énergétique mondial actuel. Cette richesse minérale constitue l’un des leviers envisagés pour renforcer la capacité de financement de la nouvelle institution.

Pour le ministre burkinabè de l’Économie et des Finances, Aboubakar Nacanabo, la création de cette banque répond à des enjeux multiples. Il s’agit, selon lui, d’un instrument de stabilité financière, de développement économique et de financement de projets stratégiques, dans une région confrontée à de fortes contraintes sécuritaires et climatiques.

La capitalisation de la banque reposera en partie sur des ressources internes. Les trois États prévoient d’instaurer de nouvelles taxes afin d’alimenter le capital de départ. Chaque pays devrait ainsi consacrer environ 5 % de ses recettes fiscales au financement de l’établissement, une mesure qui traduit la volonté des autorités de s’appuyer sur des mécanismes endogènes plutôt que sur l’aide extérieure.

Cette démarche s’inscrit dans une stratégie plus large visant à réduire la dépendance vis-à-vis des bailleurs internationaux et à reprendre la maîtrise des politiques de développement. Elle intervient également dans un contexte politique particulier, marqué par le retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), un bloc qu’ils accusent de ne pas avoir suffisamment soutenu leur lutte contre l’insécurité et l’insurrection armée.

Les défis auxquels font face les trois pays restent considérables : instabilité politique persistante, pressions climatiques accrues et besoins massifs en infrastructures. Pour les autorités sahéliennes, la nouvelle banque d’investissement doit devenir un outil central pour répondre à ces enjeux et impulser une dynamique de croissance régionale.

Le ministre malien de l’Économie et des Finances, Alousséni Sanou, a confirmé que la banque est désormais pleinement opérationnelle après l’engagement du capital initial. La prochaine étape consistera à mettre en place l’équipe dirigeante, chargée non seulement de gérer l’institution, mais aussi de mobiliser des financements complémentaires à l’échelle régionale et internationale.

À travers cette initiative, le Mali, le Burkina Faso et le Niger affichent leur volonté de bâtir une architecture financière propre au Sahel, conçue pour soutenir durablement leurs priorités économiques et renforcer leur souveraineté financière.

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