SAR : cap sur une deuxième raffinerie pour valoriser le brut sénégalais

En février dernier, la Société africaine de raffinage (SAR) a franchi une étape majeure en traitant 650 000 barils de brut issus du champ offshore de Sangomar, marquant ainsi la première transformation industrielle du pétrole sénégalais sur le territoire national.


Rédigé par Kamalenba le Dimanche 14 Septembre 2025 à 19:15

Mais pour son directeur général Mamadou Abib Diop, de grands défis persistent pour que cette avancée profite réellement à l’économie nationale.

Un brut peu rentable pour la SAR

Le brut de Sangomar présente un rendement élevé en fuel, un produit principalement destiné à l’approvisionnement de la SENELEC. Or, ce segment génère peu ou pas de marge pour la raffinerie.

« Nous sommes obligés d’approvisionner le pays, parfois à perte. Il est même plus rentable d’importer du brut nigérian que d’acheter localement », a admis M. Diop.

Il rappelle que la SAR achète ce brut au prix du marché international, sans décote ni prix préférentiel, ce qui limite sa compétitivité.

Vers une renégociation des contrats pétroliers

Cette situation relance le débat sur la pertinence des contrats pétroliers signés par le Sénégal, jugés « non optimaux » par plusieurs experts.

Une commission nationale de révision des contrats a été mise en place pour renégocier certains accords stratégiques, avec pour objectif de garantir une meilleure part de valeur ajoutée pour le pays.

« Les ressources naturelles appartiennent au peuple. Leur exploitation doit améliorer les conditions de vie », a insisté Mamadou Abib Diop.

SAR 2.0 : une nouvelle raffinerie pour changer d’échelle

Pour sortir de cette impasse, la SAR mise sur le projet SAR 2.0 :

une deuxième raffinerie ultra-moderne,

dotée de technologies de désulfuration et d’hydrocracking,

capable de transformer efficacement le brut sénégalais et de produire des carburants à forte valeur ajoutée.

L’objectif : couvrir 100 % des besoins du marché national et même exporter vers la sous-région.

Malgré un endettement public évalué à 119 % du PIB, plusieurs investisseurs étrangers ont déjà manifesté leur intérêt pour financer intégralement SAR 2.0 sans garantie souveraine, preuve selon le DG de la confiance suscitée par la transparence et la stabilité politique du Sénégal.

Vers la souveraineté énergétique

« Avec SAR 2.0, nous pourrons transformer pleinement notre pétrole, maximiser les retombées économiques et renforcer la souveraineté énergétique du pays », a conclu Mamadou Abib Diop.

Le pari est ambitieux : transformer le pétrole sénégalais sur place pour en faire un levier de développement, et non un simple produit d’exportation.

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