Rapports d'exécution budgétaire : Pape Malick Ndour dénonce des gaps de recettes, des dépenses de confort et des investissements absents

L’ancien ministre Pape Malick Ndour tire la sonnette d’alarme sur les zones d’ombre et incohérences relevées dans les rapports d’exécution budgétaire de 2024 et 2025. Dans une tribune critique, il revient sur quatre points majeurs nécessitant, selon lui, des explications urgentes du gouvernement.


Rédigé par Kamalenba le Mercredi 25 Juin 2025 à 13:35

1. Moins-value budgétaire : Où sont passés nos 40 milliards ?

Au premier trimestre 2025, près de 40 milliards de francs CFA de recettes manquent à l’appel, selon les chiffres du rapport budgétaire (tableau 1, page 5). Pourtant, le gouvernement avait assuré la sincérité du budget et la fiabilité des prévisions. Ce décalage soulève une question essentielle : les recettes ont-elles été surestimées ou bien se sont-elles évaporées dans des zones non documentées ?


2. L’État s’entretient, mais n’investit plus

Alors que les investissements de l’État plafonnent à 2,64 milliards de FCFA et que les transferts en capital chutent de 42,2 milliards par rapport à l’an dernier, les dépenses de fonctionnement, elles, explosent : 84,65 milliards pour les biens et services, 463,93 milliards pour les transferts courants.


Selon Ndour, les lenteurs de passation de marchés ne sont qu’un prétexte : les dépenses bureaucratiques sont, elles, bien exécutées. Il dénonce un « budget de confort », centré sur le train de vie de l’État, au détriment des investissements structurants. Il cite notamment l'achat de véhicules pour les 165 députés, à hauteur de 8 milliards, soit quatre fois plus que les investissements réalisés au 1er trimestre 2025.


3. 131 milliards rattachés, mais 43 milliards introuvables ?

La Cour des comptes avait mentionné que 131 milliards de recettes recouvrées en 2024 avaient été rattachées à l’exercice 2023 (page 11 du rapport). Pourtant, seules 87,9 milliards sont visibles comme surplus dans les recettes. Où sont donc passés les 43,1 milliards restants ? Deux hypothèses s’imposent : soit le gouvernement n’a pas tout intégré, soit les chiffres ont été révisés sans justification.


4. Un Noël budgétaire à 90 milliards ?

Le 24 décembre 2024, la Loi de finances rectificative prévoyait 65,2 milliards de dons. Une semaine plus tard, 155,3 milliards ont été encaissés, soit un surplus de 90 milliards en quelques jours. Ndour s’interroge : s’agit-il de dons cachés, de versements anticipés, ou d’une erreur volontaire d’estimation ? Le flou autour de cette manne financière appelle à plus de transparence.

 

Pour Pape Malick Ndour, ces incohérences budgétaires fragilisent la crédibilité de l’État et méritent des réponses claires. Au moment où les citoyens exigent plus de transparence, ces zones d’ombre budgétaires jettent le doute sur la sincérité des finances publiques.


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