Qatar, nouvelle cible obsessionnelle des réseaux d’extrême droite occidentaux


Rédigé par Kamalenba le Samedi 6 Décembre 2025 à 19:39

Depuis plusieurs mois, le Qatar est devenu l’ennemi désigné d’un écosystème grandissant d’influenceurs d’extrême droite, de pseudo-analystes et de cercles idéologiques pro-israéliens en Occident. Dans leurs discours, le petit État du Golfe est présenté comme l’architecte secret de multiples complots mondiaux, accusé de manipuler la politique américaine, d’alimenter l’immigration et d’orchestrer une prétendue « islamisation » de l’Occident.

Deux figures symbolisent cette offensive informationnelle. Aux États-Unis, Laura Loomer, activiste connue pour ses prises de position anti-musulmanes, s’est autoproclamée spécialiste de « l’infiltration du Qatar » et des Frères musulmans. Depuis mai 2025, elle a publié plus de 460 messages sur ce thème, accusant Doha de financer aussi bien Black Lives Matter que l’antifascisme, ou encore de soutenir la violence islamiste sur le sol américain. Elle est même allée jusqu’à qualifier d’« envahisseurs » des enfants palestiniens blessés transportés vers les États-Unis pour y recevoir des soins.

Loomer ne se limite pas à ses cibles habituelles. Elle attaque aussi des figures conservatrices qui ne partagent pas sa ligne, accusant certains journalistes, podcasteurs et élus républicains d’être « à la solde du Qatar et des Frères musulmans ». Des accusations sans fondement, souvent relayées massivement sur les réseaux sociaux.

Au Royaume-Uni, Tommy Robinson, militant anti-islam notoire, a lancé sa propre croisade contre le Qatar. À travers vidéos et publications, il accuse Doha de « financer la destruction du Royaume-Uni », dénonçant notamment ses investissements économiques dans le pays.

Cette fixation n’est pas anodine. Elle s’inscrit dans une stratégie plus large d’instrumentalisation de l’islamophobie à des fins politiques. Le Qatar est présenté comme le bras financier d’une prétendue déstabilisation de l’Occident, une rhétorique qui recycle les vieux fantasmes de « complot islamique » et de « grand remplacement ».

Derrière ces attaques, plusieurs observateurs voient également une tentative de fragiliser le rôle diplomatique du Qatar dans le dossier palestinien, notamment sa médiation dans le conflit de Gaza, ainsi que ses relations stratégiques avec Washington.

Dans un climat international de plus en plus polarisé, le Qatar apparaît ainsi comme un bouc émissaire commode, utilisé pour cristalliser des peurs identitaires profondément enracinées et réactiver des narratifs islamophobes déjà bien ancrés dans certains courants idéologiques occidentaux.

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