Le conflit Israël-Iran, dernier clou planté dans le cercueil de l’ordre mondial

Le soutien occidental à Israël dans son offensive contre l’Iran s’inscrit dans une logique d’intervention préventive que de nombreux experts dénoncent comme une rupture brutale avec le droit international établi après la Seconde Guerre mondiale. En privilégiant la force sur le droit, ces puissances sapent les fondations mêmes de l’ordre mondial et ouvrent la voie à une ère de chaos géopolitique.


Rédigé par Kamalenba le Dimanche 22 Juin 2025 à 16:54

 

Depuis les attaques du Hamas en 2023, la riposte israélienne a pris des proportions sans précédent : Gaza rasée, le Liban bombardé, la Syrie pénétrée, et désormais une attaque directe contre l’Iran. La doctrine israélienne d’auto-défense existentielle se traduit désormais par une extension régionale du conflit, sous le regard bienveillant de Washington.


Les critiques dénoncent l’impunité israélienne. H.A. Hellyer du Royal United Services Institute (RUSI) estime que l’absence de sanction contre Tel-Aviv a encouragé cette escalade. Karim Émile Bitar parle quant à lui d’un “effondrement du système international fondé sur des règles”. Si la force supplante le droit, alors le message au monde est clair : seule la puissance prévaut.


La population civile paie le prix fort. Plus de 55 000 morts à Gaza, des millions de déplacés, des destructions massives. La rhétorique israélienne, parfois teintée d’appel au nettoyage ethnique, alarme même certains alliés. Et tandis qu’Israël agit avec l’arme nucléaire en réserve, l’Iran, lui, pourrait être tenté de militariser son programme atomique, comme ultime garantie de survie.


Une telle évolution ouvrirait la voie à une course régionale à l’armement. Daryl Kimball (Arms Control Association) avertit : “Bombarder l’Iran, c’est l’encourager à se doter de l’arme nucléaire.” Déjà, des voix s’élèvent à Téhéran pour quitter le Traité sur la non-prolifération.


Ce glissement vers un monde sans droit ne concerne pas que le Moyen-Orient. L’ancien ambassadeur britannique Richard Dalton souligne que l’inaction des démocraties occidentales face à Israël contraste avec leur réaction face à la Russie. Deux poids, deux mesures qui minent la légitimité de l’ordre établi.
 

Les institutions comme la CPI ou la CIJ ont tenté d’agir, mais elles restent impuissantes face au veto et au désengagement des grandes puissances. L’administration Trump a même autorisé des sanctions contre la Cour pénale internationale. Pour Brian Brivati, professeur à Kingston, “le principal fondateur de l’ONU sabote aujourd’hui son propre édifice”.


L’ordre mondial né de 1945 est en train de se fissurer, affaibli par ceux-là mêmes qui l’ont bâti. Cette désintégration pourrait être dramatique face aux défis à venir comme le dérèglement climatique ou les pandémies. H.A. Hellyer conclut : “Plus que jamais, nous avons besoin du droit international et d’un ordre fondé sur des règles.”


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