Le Mali, un dossier crucial pour l'économie sénégalaise

Dans une intervention remarquée sur la RTS, le spécialiste des institutions africaines Ibrahima Kane a tiré la sonnette d'alarme : la crise malienne n'est plus une affaire étrangère pour le Sénégal, mais une menace directe pour sa stabilité économique.


Rédigé par Kamalenba le Lundi 24 Novembre 2025 à 00:32

Une interdépendance économique vitale

Ibrahima Kane a rappelé avec force les liens inextricables unissant les deux pays. Selon ses analyses, près de 80% du flux économique sénégalais est orienté vers le Mali. Plus frappant encore, le port de Dakar tire plus de la moitié de son activité du corridor sénégalo-malais. Toute déstabilisation prolongée au Mali aurait donc un impact immédiat et sévère sur l'économie sénégalaise.

« La situation au Mali ne relève plus seulement d'un enjeu sécuritaire interne », a-t-il insisté, soulignant que l'équilibre du Sénégal est en jeu.

Une crise malienne structurelle et une réponse diplomatique urgente

Face à une crise devenue « structurelle », où les groupes djihadistes menacent les grandes villes, Kane appelle à une réponse régionale concertée. Il préconise un renforcement de l'engagement diplomatique sénégalais, en mobilisant à la fois les autorités étatiques et les acteurs traditionnels, comme les familles sénégalo-maliennes historiquement influentes. La nomination du Pr Abdoulaye Bathily comme envoyé spécial pour le Sahel est un pas dans cette direction.

CEDEAO et AES : une rupture relative ?

Interrogé sur le départ du Mali, du Niger et du Burkina Faso de la CEDEAO au profit de l'Alliance des États du Sahel (AES), l'expert relativise. Il note que l'appartenance commune à l'UEMOA maintient des « passerelles économiques essentielles ». Cependant, il appelle à un travail de « reconstruction de la confiance » pour un retour futur à un cadre ouest-africain unifié.

Relations UE-UA : le plaidoyer pour une Afrique affirmée


Enfin, évoquant le sommet Union africaine – Union européenne, Ibrahima Kane a pointé du doigt les déséquilibres persistants dans les relations entre les deux continents. Il cite les nouvelles législations européennes sur le carbone ou la déforestation, qu'il juge préjudiciables aux économies africaines. Son appel est clair : l'Afrique doit adopter une position plus cohérente et mieux affirmée sur la scène internationale.

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