Ce site, situé sous les 1 600 mètres de roche de la montagne Kuh-e Kolang Gaz La (surnommée « mont de la Pioche »), serait deux fois plus profond que Fordo, un autre complexe connu pour sa protection extrême. Il aurait été réactivé et renforcé depuis 2019, selon un rapport de l’Institut pour la science et la sécurité internationale (ISIS), avec des tunnels à plus de 140 mètres de profondeur.
Les images satellites les plus récentes montrent un renforcement du périmètre de sécurité, des barrages filtrants et des structures de protection à l’entrée des tunnels, indiquant une activité soutenue et probablement sensible.
L’AIEA tenue à l’écart, la communauté internationale inquiète
Téhéran refuse depuis plusieurs mois l’accès à ce site à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), en violation du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP). Une décision qui renforce les soupçons quant à l’usage de ce site, et qui a mené le Parlement iranien à voter, ce mercredi 25 juin, la suspension de la coopération avec l’AIEA.
« L’agence n’a même pas condamné les frappes contre nos installations. Elle a perdu toute crédibilité », a déclaré le président du Parlement Mohammad Bagher Ghalibaf.
Uranium enrichi, centrifugeuses avancées : vers une bombe en secret ?
Le site de Kuh-e Kolang Gaz La pourrait, selon les analystes, abriter de l’uranium hautement enrichi, voire des centrifugeuses de nouvelle génération capables d’accélérer la production de matière fissile.
Pour David Albright, directeur de l’ISIS, la finalité du site pourrait bien être le stockage et l’enrichissement clandestin : « Ce lieu pourrait permettre à l’Iran de franchir le seuil nucléaire sans être détecté à temps par les inspecteurs internationaux. »
Israël et les États-Unis impuissants ?
Le président Donald Trump s’est félicité le 22 juin d’avoir « détruit le programme nucléaire iranien ». Mais cette déclaration semble en décalage avec la réalité stratégique. Même les bombes GBU-57, surnommées « Bunker Buster » et utilisées lors des dernières frappes, pourraient ne pas atteindre les profondeurs du site de Kuh-e Kolang Gaz La.
Face à cette impasse militaire, la pression internationale monte. Israël a déjà menacé de frapper à nouveau si l’Iran relance l’enrichissement, et Washington, par la voix de son émissaire Steve Witkoff, a exclu tout compromis sur le programme nucléaire iranien.
Diplomatie morte ou sursaut stratégique ?
Alors que Téhéran clame ne pas vouloir l’arme nucléaire, mais exige son droit à un programme civil, le président iranien Massoud Pezeshkian s’est dit « prêt à discuter » avec les États-Unis… tout en refusant d’abandonner l’enrichissement. Une ligne rouge pour Washington.
Avec cette installation ultrasecrète, l’Iran semble s’être donné les moyens techniques de franchir un seuil nucléaire discret et défensif, tout en gardant une posture négociable. Mais le climat de méfiance totale, accentué par les pendaisons pour espionnage et les arrestations massives liées à des opérations israéliennes, rend tout dialogue plus improbable.
🔍 À suivre : L’évolution du site de Kuh-e Kolang Gaz La sera au cœur des prochaines tensions entre Téhéran, Tel-Aviv et Washington. L’Iran joue la montre. L’Occident n’a peut-être plus beaucoup d’options.