En visite officielle d’amitié et de coopération économique en Guinée depuis dimanche, le Premier ministre sénégalais, Ousmane Sonko, a tenu ce lundi, 2 juin 2025, une déclaration conjointe avec son homologue guinéen, Amadou Oury Bah. Lors de cette conférence de presse à dimension nationale et internationale, plusieurs questions ont été soulevées, notamment celle relative aux conditions de vie parfois difficiles des Guinéens vivant au Sénégal.
Interpellé sur cette question sensible, Ousmane Sonko a réagi sans détour, dénonçant les discours xénophobes et rassurant la communauté guinéenne résidant sur le sol sénégalais.
« Ce sont des propos à ne pas prendre au sérieux. En tout cas, tant que nous serons au pouvoir. Je prie Dieu pour qu’on y reste cinquante ans au moins. Les Guinéens sont chez eux au Sénégal », a-t-il déclaré sous les applaudissements de l’assistance.
Pour lui, le Sénégal, tout comme la Guinée, est un pays d’accueil, fidèle aux traditions africaines d’ouverture et d’hospitalité.
« Chaque pays doit, bien sûr, contrôler ses frontières pour des raisons de sécurité. Mais au-delà de ça, nos terres sont faites pour accueillir. Peut-être que vous-mêmes, Madame, si on fouille un peu, vos grands-parents sont venus de Sierra Leone, du Sénégal ou du Mali », a-t-il lancé à la journaliste qui l’a interpellé sur cette question sensible.
Le chef du gouvernement sénégalais a fermement rejeté toute idéologie xénophobe, qu’il juge dangereuse et importée, insistant sur la nécessité de préserver la fraternité historique entre les peuples ouest-africains.
« Les problèmes de nos pays ne viennent pas des étrangers, mais de nos propres carences : la mauvaise gouvernance, la corruption, la dilapidation de nos ressources. Ce sont ces causes-là qu’il faut attaquer, pas nos frères venus d’ailleurs », a dit Ousmane Sonko.
Le Premier ministre sénégalais a aussi profité de la tribune pour alerter sur les dérives des réseaux sociaux, accusés de favoriser les discours de haine entre jeunes de la sous-région, notamment lors d’événements sportifs où la rivalité vire souvent à l’animosité.
« On voit des jeunes s’insulter, se menacer, simplement parce que le Sénégal affronte la Guinée au football. Il faut qu’on sorte de ça. Nous ne sommes pas ennemis. Nous sommes un seul peuple, divisé par les frontières, mais uni par l’histoire », a-t-il souligné.
S’adressant directement à la jeunesse, il a lancé un appel à la conscience collective et à la responsabilité citoyenne, affirmant que les autorités sénégalaises prennent des mesures pour faire reculer les discours haineux.
« Tous les Guinéens vivant au Sénégal peuvent être rassurés. Ils continueront à être protégés, comme les Sénégalais le sont ici en Guinée. Et tout message de haine sera combattu », a-t-il rassuré.
Dans un contexte sous-régional fragile, cette prise de parole d’Ousmane Sonko réaffirme l’importance de l’unité africaine par les actes, au-delà des discours diplomatiques.