Cependant, cette lecture pessimiste est remise en cause par plusieurs économistes sénégalais, dont le professeur Amath Ndiaye, enseignant-chercheur à la Faculté des Sciences Économiques et de Gestion (FASEG) de l’Université Cheikh Anta Diop (UCAD).
Dans des propos rapportés par Le Soleil, le Pr. Ndiaye reconnaît la gravité de la situation, tout en relativisant les conclusions du rapport de Barclays. Il affirme que le ratio dette/PIB ne suffit pas à lui seul à évaluer la soutenabilité de la dette, bien qu’il dépasse les seuils de référence (60 % pour le FMI, 70 % pour l’UEMOA).
« Ce chiffre traduit une accumulation rapide de la dette dans un contexte de déficits jumeaux – budgétaire et courant – et de restrictions sur les financements concessionnels », explique-t-il.
L’économiste met en avant un autre indicateur essentiel : le ratio intérêts/recettes fiscales, qui s’élève à 25,8 % pour le Sénégal, au-dessus du seuil de 20 à 23 % recommandé par le FMI et la Banque mondiale.
De plus, Pr. Ndiaye conteste la position de “pays africain le plus endetté” attribuée au Sénégal, en citant des cas bien plus extrêmes :
Soudan : 272 % du PIB en 2024
Érythrée : 164 %
Ghana : 70,5 %, soit près de 49 points en dessous du Sénégal
Ces données, corroborées en partie par Trading Economics, remettent en question la pertinence comparative du classement de Barclays.
En résumé, si la situation du Sénégal reste préoccupante, certains analystes appellent à une analyse plus nuancée, prenant en compte la dynamique de remboursement, la structure de la dette, la croissance économique future et les capacités fiscales de l’État.