Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) : plus de 110 milliards de F CFA dépensés hors cadre légal entre 2017 et 2023

La Caisse des Dépôts et Consignations (CDC) est dans la tourmente après la publication d’un audit mené par le cabinet Business System Consulting Group (BSC) sous la direction d’Ibra Guèye.


Rédigé par Kamalenba le Mardi 4 Novembre 2025 à 00:18

Commandé par l’Autorité de Régulation de la Commande Publique (Arcop), le rapport met en évidence un ensemble de manquements graves dans la gestion de l’institution entre 2017 et 2023.

Des dépenses opérées hors du cadre légal

Selon les auditeurs, la CDC aurait volontairement écarté le Code national des marchés publics, remplacé par un manuel interne de procédures datant de 2017.
Ce document, remis en deux versions quasi identiques, comportait des modifications manuscrites et des ajouts non datés, autorisant ainsi des ajustements arbitraires.
Cette dérive aurait permis à la direction d’opérer d’importantes dépenses hors du cadre légal.

Le projet immobilier des Mamelles au cœur de l’audit

Parmi les opérations pointées, figure notamment le projet immobilier des Mamelles, évalué à 103,8 milliards de F CFA TTC et attribué à l’entreprise Sertem.
Malgré le caractère forfaitaire du marché, plusieurs avenants injustifiés ont été signés, dont un premier de 5,3 milliards de F CFA pour des prestations déjà incluses dans l’offre initiale.
En 2023, un cinquième avenant de 1,9 milliard de F CFA aurait encore été approuvé, en violation manifeste des règles de passation des marchés publics.

Le rapport mentionne également la suspension du financement du projet par la Banque Of Africa (BOA), invoquant un « détournement de recettes ».
Faute de trésorerie, la CDC aurait dû régler directement les sous-traitants, dont la liste reste introuvable à ce jour.

D’autres irrégularités relevées

Les irrégularités s’étendent à d’autres marchés :
la mission de contrôle technique confiée à Archi Art Concept a été prolongée pour 301 millions de F CFA, alors que le contrat était expiré depuis juillet 2022, un acte sans base juridique selon l’audit.

S’y ajoutent des cas de conflits d’intérêts, d’appels d’offres simulés, et de facturations excessives pour des prestations diverses — allant de la refonte comptable à la formation du Conseil d’administration.

Une gestion dérogatoire et opaque

L’audit évoque une « gestion dérogatoire et systémique », marquée par un contournement constant des règles de transparence et de concurrence.
L’Arcop, saisie du rapport, devrait prochainement proposer des sanctions administratives et judiciaires à l’encontre des responsables identifiés.

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